N°10 - La fiancée de Frankenstein

(Vous venez d’arriver ? Ce journal se lit comme un feuilleton. Pour bien suivre l’histoire, je vous recommande de commencer par la lettre N°1 en cliquant sur le lien suivant 👉https://tinyurl.com/macreature).

Ma créature
2 min ⋅ 12/06/2025

Tunis, 12 juin 2022

J’ai acheté ce matin une édition de poche du roman de Mary Shelley.

La couverture représente une femme à la coiffure étrange, très crêpée, avec une longue mèche blanche ondulée, qui a l’air effrayée. C’est une image tirée du film La Fiancée de Frankenstein. Une scène finale, culte. Elle hurle. Lui tend les bras. Elle le rejette.

Il faut dire qu’il a plutôt bien réussi dans la vie, Frankenstein. Plus de quarante films ont été tournés en son honneur. Sans parler des adaptations théâtrales, des romans, des BD, des parodies. Frankenstein est partout.

C’est devenu bien plus qu’un monstre. Avec le vampire et le loup-garou, c’est sans doute l’icône la plus reconnaissable du fantastique. Une icône de la pop culture.

Mais à force de films, de costumes, de détournements, la créature a tout avalé. Elle a effacé son créateur (je croyais que Frankenstein, c’était le monstre…).

Et même celle qui l’a inventée.

Mary Shelley. Disparue derrière son propre monstre. Son nom à elle s’efface, englouti sous les cicatrices et les boulons. Certains ont même douté qu’elle en soit l’autrice. Ils ont prétendu que son mari avait tout écrit…

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Ma créature

Par Arnaud Dandoy

Je m’appelle Arnaud Dandoy. Je suis criminologue au Muséum d’Histoire Surnaturelle, aussi appelé Surnateum — un cabinet de curiosités dédié aux formes anciennes de magie, aux savoirs occultés, aux forces invisibles qui traversent nos civilisations depuis l’aube des temps. Mon métier : élucider des affaires. Certaines trouvent une explication rationnelle. D’autres non.

Ce qui m’attire, ce sont les connaissances interdites. Les mythes. Les légendes. Les superstitions. Tout ce que l’humanité a refoulé, mais jamais oublié. J’enquête dans des univers parallèles, des marges, des zones grises. À la frontière du réel.

De 2013 à 2020, j’ai vécu en Haïti. J’y ai étudié les processus de zombification. J’ai suivi la trace des lougawou — les loups-garous du monde créole. Depuis cinq ans, je vis en Tunisie. J’y poursuis une autre obsession : la possible localisation de l’Atlantide. Une cité engloutie. Un vestige enfoui.

Mais récemment, une autre affaire s’est imposée à moi. Une disparition ancienne. Celle d’une petite fille nommée Elena Adelaïde Shelley, morte à Naples en 1820. Une énigme discrète. Presque oubliée. Et pourtant centrale.

C’est cette enquête que je raconte ici. Une affaire qui m’a conduit dans l’ombre du monstre de Frankenstein. Et peut-être jusqu’à moi-même.