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Tunis, 2 juillet 2022
Mon petit fantôme,
Hier soir, je relisais Frankenstein. Pas pour l’histoire. Pour les détails. Ceux qu’on ne voit pas la première fois. Ni la deuxième. Ni la cinquième.
Et puis, ça m’a sauté aux yeux. Juste là, en ouverture du chapitre I :
« Je suis Genevois de naissance, et ma famille est l’une des plus distinguées de la République. »
Ok. Rien de nouveau. Il vient de Genève. C’est ce que j’ai toujours cru.
Mais quelques lignes plus bas, sans prévenir :
« Quant à moi, l’aîné, je vis le jour à Naples. »
Pardon?
Je crois à une erreur. Je retourne en arrière. Je vérifie. Dans l’édition de 1818, rien. Pas un mot sur Naples. Ce détail n’existait pas encore.
C’est Mary qui l’a ajouté plus tard, dans la version de 1831.
Si Naples avait été là dès le départ, j’aurais pu croire à un choix de plume. Un lieu parmi d’autres. Un nom qui sonne bien. Une touche d’exotisme. Une ville du Sud. Éclatante. Délabrée. Plein de superstitions et de saints poussiéreux.
Mais là… Non.
Ce n’est pas un hasard.
C’est une décision.
Un geste tardif.
Alors pourquoi ce changement ?
Pourquoi faire naître Victor à Naples, quinze ans après l’avoir fait naître à Genève?
Une fantaisie ?
Un détail sans importance ?
Ou un souvenir enfoui?