(Vous venez d’arriver ? Ce journal se lit comme un feuilleton. Pour bien suivre l’histoire, je vous recommande de commencer par la lettre N°1 en cliquant sur le lien suivant 👉https://tinyurl.com/macreature).
Tunis, 13 juin 2022
Je suis en train de dévorer Frankenstein. Waouw. Quelle claque !
Je ne suis pourtant pas un grand fan de science-fiction, mais là j’ai adoré. Mary Shelley a du génie. Tu t’imagines qu’elle n’avait que 18 ans quand elle a écrit cette histoire ?
Et je me faisais une autre image de la bête. Massif. Balafré. Des vis dans le crâne. Des grognements gutturaux. Une brute. Sans langage. Juste des gestes. Juste la force.
Mais c’est tout l’inverse.
La créature est éloquente. Cultivée. Presque un philosophe. Elle lit. Elle raisonne. Elle parle mieux que Victor. Elle comprend. Elle souffre. Ce n’est pas un tueur aveugle. Rien à voir avec l’image plaquée par le cinéma. Pas de massacre gratuit. Pas de folie meurtrière.
Son crime est plus précis. Plus douloureux. Il ne frappe pas au hasard. Il détruit tout ce qui compte pour Victor. Un à un. Il s’attaque à sa maison. À ses proches. À son monde. Pas pour tuer. Pour répondre. Pour dire : tu m’as rejeté. Alors je te rends le vide. Le manque. La perte.
Et c’est ça qui fait peur.
Pas les cicatrices.
Pas les hurlements.
Le regard.
La conscience.
La solitude.
Illustration by Theodor von Holst from the frontispiece of the 1831 edition